En 1995,
la rencontre avec l’enseignement du Bouddha par l’intermédiaire
d’un maître tibétain accompli, Lama Guendune
Rinpoché au centre de Dhagpo Kagyu Ling en Dordogne m’a
permis d’aborder mon travail de façon différente
en intégrant petit à petit la dimension de l’interdépendance
dans les gestes quotidiens de la vie et de l’atelier.
L’argile dépend de la décomposition des roches
sédimentaires, qui dépend de l’érosion,
qui dépend du temps… La poterie dépend du
potier qui la façonne qui dépend lui même
des qualités de l’argile et tout cela ne devient
solide que par l’eau qui la rend malléable, l’air
qui la sèche, le feu qui lui donne la solidité nécessaire
à l’utilisation. Et sans l’utilisateur ou l’amateur
à quoi servirait la poterie ?
Toutes les facettes de l’enseignement
sont applicables dans tous les gestes, toutes les situations deviennent
des occasions de les mettre en pratique.
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Les bols
d’offrande sont particulièrement précieux.
Ornés de mantras ou non, ils servent de support d’offrande
sur un autel ou sous une représentation sacrée.
D’autres objets comme des brûle encens, des supports
de bougie ou lampes à huile sont travaillées dans
le même état d’esprit.
Chaque
jour d’atelier est source de grande joie et d’étonnement.
Lorsque je prends une pièce au creux de la main, je me
demande souvent d’où vient cette poterie, comment
tous ces gestes successifs ont pu amener à ce résultat
? Je n’ai pas eu l’impression de « faire »
et pourtant quelque chose se manifeste…..
Chaque
pièce est façonnée avec cette conscience
de la personne qui la fait pour une autre, accompagnée
du début à la fin avec un grand soin, tant par la
fragilité qu’elle a avant la cuisson qui lui donne
de nombreuses possibilités de se briser, que par les souhaits
qui sont faits pendant tout le travail.
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